Madame, Monsieur,
Nous vous écrivons concernant la consultation publique en rapport avec la demande de la société SCEA La Plaine des Bouillées, qui souhaite la modification d’un élevage de poules, passant de 200 000 à 327 170 poules pondeuses dans la commune de Pamproux (79800). Nous vous prions de bien vouloir prendre en compte les objections suivantes :
- En février 2023, la société Pampr’œuf à Pamproux a fait euthanasier 285 090 poules pondeuses à cause de la grippe aviaire (H5N1). La Confédération Paysanne des Deux-Sèvres s’est opposée à ce projet, inquiète des risques sanitaires dus à la grande concentration d’animaux.
- Effectivement, les élevages de ce type sont des points chauds pour les zoonoses : certaines souches de la grippe aviaire peuvent être transmises des oiseaux aux humains, et les plus mortelles d’entre elles, H5N1 et H7N9, ont déjà tué des centaines de personnes dans le monde. L’installation proposée serait un terrain propice à la grippe aviaire et présenterait un risque considérable pour la santé publique.
- Le 25 octobre 2024, les œufs issus de cet élevage ont été rappelés dans toute la France à cause d’intoxications à la salmonelle.
- La concentration d’un si grand nombre de poules dans un espace restreint génère des quantités massives de déchets organiques, dont la gestion et l’épandage présentent des risques environnementaux importants. La quantité d’azote sera d’environ 253 tonnes/an et celle de phosphore d’environ 207 tonnes/an. Ces rejets élevés en azote et en phosphore présentent un risque notable d’eutrophisation des sols et des eaux environnantes.
- L’élevage est situé à moins de 3 kilomètres du Site Natura 2000 « Plaine de La Mothe-Saint-Héray-Lezay », qui est classé Zone de Protection Spéciale (ZPS) pour la protection d’oiseaux sauvages et de leurs habitats. Il est également situé à proximité de la ZNIEFF de type II « Plaine de Pamproux à Lezay ».
- Le site se trouve dans une zone à la masse d’eau souterraine en mauvais état qualitatif et quantitatif de (FRGG062) et identifiée comme zone vulnérable aux nitrates.
- Le projet est susceptible de générer 3 926 tonnes de fientes chaque année. Les déjections des animaux dégagent de l’ammoniac, un précurseur de particules fines. Ces particules sont à l’origine d’un nombre important de décès prématurés. Dans les élevages industriels, plus la concentration d’animaux est grande, plus le taux d’ammoniac rejeté dans l’air va être important. Selon une injonction de l’Europe, la France doit baisser ses émissions d’ammoniac d’ici 2030. Ce projet va clairement à l’encontre de cette directive : le taux d’ammoniac émis dans l’atmosphère sera de 39 980 kg par an. Au niveau national, les productions animales, avec les engrais de ferme, représentent environ 15 % des émissions de gaz à effet de serre et 80 % des émissions d’ammoniac.
- L’augmentation du nombre d’animaux (plus de 127 000) et la création d’un second bâtiment entraîneront une augmentation de la consommation d’énergie, qu’il s’agisse de l’électricité, du gazole ou du gaz de pétrole liquéfié.
- Les exploitations agricoles entraînent de fortes odeurs et du bruit qui pourraient déranger les résidents locaux et avoir un impact négatif sur leur qualité de vie. Le bruit permanent des animaux, la distribution d’aliments, la ventilation motorisée et les camions en transit (pour l’arrivée et l’enlèvement des animaux morts ou vivants, l’enlèvement des effluents, la livraison d’aliments, le remplissage de silo…) seront plus importants, conséquemment à l’augmentation du nombre d’animaux.
- En décembre 2021, l’association L214 a réalisé une enquête sur cet élevage, faisant état de maltraitances inouïes : les poules y subissaient des coups de pieds, des coups de bâtons, certaines poules n’avaient plus de plumes et étaient privées de soins, des cadavres étaient laissés en état de décomposition avancée au milieu de leurs congénères… Nous vous prions de prendre en compte le fait que les poules sont des animaux intelligents et sociaux, qui peuvent ressentir la douleur et la détresse. 327 170 oiseaux seraient entassés dans deux bâtiments : 157 445 dans le premier, et 169 725 dans le second. Les animaux se verraient refuser la possibilité de faire quoi que ce soit qui soit naturel et important pour eux, comme explorer leurs environs, se gratter, picorer pour trouver de la nourriture, construire des nids pour leur progéniture ou même accéder à la lumière du jour. Les poules vivent naturellement jusqu’à 12 ans, mais celles-ci sont envoyées à l’abattoir après 14 mois de vie confinées dans une grande promiscuité et des conditions pitoyables.
Nous espérons que vous tiendrez compte de nos objections lorsque vous prendrez une décision à ce sujet.
Avec mes sincères salutations,